Hippolyte Bouigue et son écrin total…
Au pays des intendances, des frangipaniers et des flamboyants, voici une histoire sentimentale d’immobilier familial. Elle s’appelle Anbalaba, elle aurait pu s’appeler Ecrin total.
« En bas, là-bas », à Baie du Cap, au sud sauvage et authentique de l’île Maurice... En le chantant ainsi, Hippolyte Bouigue fait un geste de la main, d’une ampleur qui repousse l’horizon. D’ailleurs, quand il fait très beau, on voit la Réunion depuis Baie du Cap. Hippolyte Bouigue présente le projet immobilier qu’il y développe. Un village de villas, de maisons et d’appartements, sur des terres surplombant le village, à flanc de colline. A Maurice, on connaît depuis longtemps la chanson du tourisme, celle des couchers de soleil et des lagons de rêve. Mais ceux qui la chantent manquent parfois d’humanisme. Avec la famille Bouigue, on découvre une certaine philosophie de l’immobilier.
D’abord, le père s’amourache de l’île en 1976 et s’y fixe, pour la comprendre, l’aimer vraiment, avant d’oser la construire. Il y a Cécilia, sa fille, lassée par la comptabilité, qui rêve de créer une ferme d’huiles essentielles en Afrique du Sud. Le père dit oui à l’imagination de sa fille, oui à la ferme essentielle, mais préfère l’inventer à l’île Maurice. Père et fille font le tour des propriétaires terriens pour trouver le lieu idéal de leur implantation. En frappant à la propriété « Saint Félix », la fille tombe amoureuse. Ça se passe en un clin d’oeil chez les gens de cœur. Cécilia se marie. C’est définitif. La ferme d’huiles essentielles disparaît de sa tête, mais le père observe que le développement immobilier est une belle possibilité de Maurice. Il crée un foncier de quinze hectares sur un terrain en pente, avec vue sur la mer et coucher de soleil. Anbalaba doit pousser là, bientôt, un jour. Quand, comment ?
Hippolyte, le fils et frère, entre en jeu. On le croit banquier, il l’a été. On le croit promoteur, il l’est peut-être. On l’imagine kytesurfiste, entrepreneur, aimant le challenge, on hésite, on ne sait pas. Mais il a trop de vérité dans la voix, trop d’intentions dans les yeux, pour qu’on le voie seulement businessman. Bien sûr, le projet immobilier est le nerf de la guerre… Cependant, loin de lui l’idée d’aller « casser la baraque », de planter ses villas d’en haut, ses maisons en espalier, ses appartements avec vue, et de laisser les populations locales avec un paysage entamé et une valse d’hélicos au-dessus de la tête. Ce qu’il compte faire, exactement là, dans ces terres de Baie du Cap, c’est créer un village harmonieux et animer tout le sud de l’île. Au delà de l’enclave d’immobilier de luxe, il crée un paysage commun aux villageois de Baie du Cap et aux habitants d’Anbalaba. Ce lieu d’intégration regroupant magasins, restaurants, ouverts à tous, doit être incontournable. Créer des événements culturels et sportifs, c’est cette idée là qui l’excite. Tout est question de ponctuation chez lui. Il faut le souffle, il a l’ardeur. Il compte aussi mettre en place une fondation afin d’aider les habitants à améliorer leur habitat. Il va proposer des formations professionnelles pour les travailleurs du coin. En février dernier, quand des prospectus ont été distribués pour expliquer aux habitants de Baie du Cap le projet Anbalaba, Hippolyte Bouigue a reçu des CV, des idées, des volontés. Une dame a proposé de monter une crèche. Une autre, une bibliothèque. Tout est écouté, rien n’est impossible. Un comptable du village a été embauché dans l’équipe. Ceux qui mettent aujourd’hui vingt minutes pour se rendre à la Gaulette ou à Chemin Grenier vont pouvoir faire leurs courses à leur porte.
L’affaire d’Hippolyte Bouigue,
C’est aussi de remonter l’équipe de foot de Baie du Cap, créer de temps à autre des Missions vertes pour nettoyer la plage. Il suffit de ne pas compter. Compter sur les autres, ça oui. La preuve : Hippolyte Bouigue déteste cette expression « tiret du 6 », il préfère dire trait d’union. Il y a bien un inventeur au pays des promoteurs. Les projets immobiliers n’ont pas toujours une âme de pierre. Ceux qui les entreprennent n’ont pas forcément des lingots à la place des yeux. Il leur arrive de tomber amoureux d’un regard, d’une terre, d’un cœur, d’une philosophie. Ils déposent leur élan comme ils plantent une graine. Celui-ci prend racine et s’élève vers le ciel, comme des preuves de leur bonne foi.
Claire Castillon
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